11. La rose de Pagnol

Tout au long des rivages de la Méditerranée, la plus belle période de l’été c’est… le printemps. Bien évidemment pas le printemps morose de mars, encore engourdi de la froidure de l’hiver et qui s’affirme timidement avec les premiers bourgeons. Non, je préfère le printemps voluptueux et triomphant de mi-mai à mi-juin. Le printemps éclatant de lumière et de couleurs comme un tableau de Van Gogh, sonore et musical comme un allégro de Mozart, odorant capiteux et subtil comme un parfum de Guerlain. Le printemps doux et suave, qui effleure la peau dans un friselis de brise comme le premier baiser enflammé de timide hardiesse d’une adolescente, dont je vais vous conter l’histoire.

Un soir de juin, nous étions un groupe d’amis attablés sur la terrasse d’une villa surplombant la baie de Carry le Rouet. Nous terminions une somptueuse bouillabaisse, spécialité de l’épouse de notre hôte Martonel, un ancien journaliste. Contestataire dans l’âme, son effroyable perspicacité lui avait valu le surnom de machine à détecter les mensonges. En cette époque féconde en tartufferies, magouilles et félonies, il se délectait à faire avorter par sa simple plume imbibée de vitriol, les machinations alambiquées de politiciens félons et d’affairistes voraces.

Poursuivi par la haine vengeresse de la Sainte Ligue des Corrompus, il collectionnait les procédures.

Avec le temps, sa réputation de rebelle incorruptible en avait fait un paria dans le microcosme sournois de la presse bien-pensante autocensurée, servile et versatile.

Sachant que notre hôte avait toujours en réserve quelques croustillantes anecdotes, nous l’encourageâmes, avec force vociférations, à nous en faire récit. Il nous fit alors cette époustouflante narration :

« Mes amis, cette superbe journée de fin de printemps est pour moi un bien nostalgique anniversaire.  La vie m’a démontré que, dans l’infini du cosmos, les saisons de la Terre et celles de l’Humanité sont liées par le même destin. Pour la nature, comme pour l’homme, le printemps c’est la naissance vorace aussitôt suivie de la fougueuse et impatiente adolescence, avant la triomphante plénitude de la maturité de l’été. Avec l’automne, arrivent les premiers doutes et les premiers frissons. Il faut vite profiter des beaux jours qui s’attardent, car déjà les feuilles jaunies s’envolent en rafales et les têtes chenues reflètent le gris laiteux du ciel. L’hiver apporte la frilosité, le silence, le repli, le renoncement. Pour la nature comme pour l’homme, l’heure de la fin provisoire dissimule la renaissance future. C’est pourquoi l’année calendaire devrait débuter au printemps, symbole de la naissance et de l’espérance, source de toutes les ambitions et de toutes les hardiesses.

Pour le printemps de mon début de carrière de journaliste, il me fut proposé de faire une enquête sur l’adolescence et l’amour. Le sujet m’avait fort intrigué. Je cherchai donc à stimuler les confidences. Les garçons se montraient railleurs par pudibonderie mais les jeunes filles, toujours romantiques s’épandaient facilement sur le thème éternel du prince charmant, jeune, beau, délicat, intelligent et …riche !

Tant de scepticisme affiché d’un côté et tant de naïveté apparente de l’autre ne m’apportaient nulle matière pour un passionnant reportage.

J’étais prêt à renoncer lorsque le hasard me fit questionner une superbe brunette qui, d’emblée, s’inscrivit en faux contre tous les poncifs établis.

Je restai stupéfait, éberlué, incrédule lorsqu’elle me déclara sans ambages :

« Pour moi, mon choix est fait. Il a été mûrement pensé, il est définitif. Je réserve ma virginité à l’homme que j’admire le plus pour la grandeur de ses sentiments, sa délicatesse infinie, son humour délicieux… »

J’écoutai goguenard, la suite de cette emphatique litanie, probablement dédiée à un dieu inaccessible qui n’avait certainement pas sa place sur notre planète. Tandis qu’elle continuait à parler avec enthousiasme, je cherchais à deviner l’identité de l’élu. J’éliminai tour à tour les acteurs, les artistes, les sportifs, les politiciens, les financiers. Quand je crus avoir trouvé je l’interrompis :

« Ton idole est certainement un scientifique »

 « Pas du tout, c’est un écrivain ».

Je décidai de continuer le petit jeu des devinettes et je lui nommai une dizaine de jeunes talents. Elle me répondit :

« Vous ne trouverez jamais, il est de l’ancienne génération : c’est Marcel Pagnol »

Un tollé général de stupéfaction et d’incrédulité coupa la parole du narrateur :

« C’est une galéjade ! ».

« Non ! Mes amis, je vous assure de l’authenticité absolue de cet incroyable aveu. »

La jeune fille m’expliqua qu’elle avait lu et relu toutes les œuvres du Maître et toutes ses biographies.

Elle avait vu et revu tous ses films. Il était son modèle, son idole, son Dieu. En fait, elle ne se différenciait guère des autres adolescentes qui, dans une quête d’identification, vénéraient jusqu’à la déraison chanteurs, acteurs ou sportifs. Je jugeai même très louable et fort respectable, l’intérêt de la jouvencelle pour un écrivain éminent.

Je me sentais prêt à encourager les associations de fanatiques pour des personnages dignes d’intérêt, tels que mathématiciens, musiciens, chimistes, explorateurs, géologues, chirurgiens, botanistes, industriels, et tant d’éminences de toutes disciplines. La liste pourrait être longue des talents à citer en modèle à la jeunesse. Leurs mérites probants laisseraient dans les siècles des traces moins éphémères que celles des joueurs de baballe ou des brailleurs de chansonnettes tiédasses.

En réalité, mon interlocutrice ne faisait que remettre au goût du jour la vieille tradition des maîtres- à-penser de l’époque gréco-latine si prospère en disciples qui dépassèrent leurs modèles.

Toujours en veine de confidences l’adolescente continua :

« Depuis des années je rêve de rencontrer mon idole, de lui parler, de lui témoigner mon admiration. »

Tout cela était dit avec tant de vigueur et d’enthousiasme qu’elle en était transfigurée.

En pensant à l’homme vénéré, elle tendait vers moi le visage radieux d’une adoratrice en transe mystique.

Sa respiration haletante gonflait les globes parfaits de ses jeunes seins et découvrait leur commissure nacrée. Sa taille fine se cambrait. La gamine attardée et gauche venait de se métamorphoser en séductrice.

Je lui répondis avec quelque malice :

« Il sera, sans nul doute, enchanté de te rencontrer. Pour cela rien de plus simple. Je puis te faire obtenir dès demain son numéro de téléphone, et si tu le souhaites, je te recommanderai à lui. Il suffira de lui dire que tu désires devenir journaliste et que tu voudrais qu’il te consacre un entretien. »

Quelques jours après, fort curieux de connaître la suite, j’appelai l’adolescente pour savoir comment elle avait sacrifié sa vertu sur l’autel du génie.

Elle me répondit d’une voix hésitante et embarrassée ; puis elle finit par conclure :

« Votre plan était très bon, mais je n’ai pas osé m’offrir à lui ».

J’insistai pour avoir plus de détails mais toutes mes questions restèrent sans écho. Je la laissai mijoter quelques semaines puis je la rappelai pour lui proposer de m’accompagner à une réception littéraire. Elle arriva, éblouissante de charme et de fraîcheur, vêtue d’une robe-fuseau de teinte fuschia qui mettait en valeur sa merveilleuse silhouette. Elle fut aussitôt le point de mire général. Nous bavardâmes fort gaiement. Elle excellait dans le jeu subtil des provocations voilées et des réparties fulgurantes. Nombre de confrères et de connaissances, qui d’ordinaire cherchaient à m’éviter, trouvaient tout à coup des prétextes oiseux, afin de m’approcher dans l’espoir d’être présentés à ma supposée conquête. Elle me fit grand honneur. Je fus émerveillé par son aisance, sa faconde, son humour et sa condescendance envers ses admirateurs. Elle avait subitement basculé du monde de l’adolescence tendre et rebelle dans celui, plus nuancé, de la froide respectabilité. Devenue exubérante après quelques coupes de champagne, elle rayonnait de gaîté à se pavaner à mon bras, face à tant d’éminents admirateurs. Cultivant l’équivoque avec un art consommé, elle se mit à me tutoyer ostensiblement.

Elle chuchotait fréquemment à mon oreille des propos anodins qui se terminaient par un baiser furtif et suffisamment alangui dans mon cou.

A ce moment je perçus que j’étais séduit, envoûté, amoureux. Elle le savait certainement depuis notre première rencontre mais je ne m’étais douté de rien.

C’est alors que je fis la plus belle gaffe de ma vie. Lourde, stupide, méchante, irréparable et impardonnable.

Au lieu de la couvrir de compliments admiratifs, de lui décrire mon émoi, de lui déclamer mon adoration, je crus plus judicieux de mettre à profit sa verve du moment et de lui demander brusquement:

« Alors, chère consoeur journaliste, pourrais-tu me narrer comment s’est déroulée ton entrevue avec le grand homme ? ».

Elle posa brutalement la coupe qu’elle tenait en main sur le plateau d’un serveur qui passait entre les invités. Elle se raidit, me toisa dans les yeux et me dit avec la rage de ceux qui ne veulent dévoiler ni leurs échecs, ni leurs succès :

« Je vous ai menti, je n’ai pas osé l’appeler. Je ne l’ai jamais rencontré.  Si vous m’avez faite venir ici pour me harceler de votre voyeurisme, vous auriez pu vous dispenser de votre excessive sollicitude et de vos hypocrites délicatesses d’amoureux transi. Vous étiez plus préoccupé de faire un bon reportage que de connaître mes vrais sentiments. Je suis ravie de vous décevoir, vous n’aurez plus rien de moi. Raccompagnez-moi. »

Durant le retour, je n’eus droit ni à la moindre parole, ni à la moindre démonstration de déception ou de rancune. Elle demeura telle une statue de marbre, souverainement inaccessible à mes excuses embarrassées. Arrivée à son domicile, elle sortit en claquant rageusement la portière et me quitta sans un mot, sans un regard.

Pendant des années, je pensai à cette scène extravagante sans jamais comprendre à quel moment elle avait parlé vrai, ni à quel moment elle avait menti. Je conclus alors que, pour solutionner l’énigme, le plus pertinent moyen serait d’aller questionner directement le héros involontaire de cette affaire.

Malheureusement je n’en eus guère le temps. Sa santé s’était détériorée et, peu après, il quitta notre monde pour le paradis des poètes.

Alors il me fallut tout oublier tandis que je me réveillais souvent avec la sensation amère qu’un souffle chaud venait d’effleurer ma nuque. Pourtant, après bien des années, cette affaire allait connaître un nouveau rebondissement. J’étais en visite chez un ami qui résidait à la Valentine dans la banlieue de Marseille.

Comme l’heure du repas approchait, il me proposa d’aller déjeuner à la campagne. Il me conduisit par une route sinueuse jusqu’à la Treille. C’est un charmant village provençal, haut perché sur une colline qui exhale toutes les odeurs de thym, de santoline, de ciste et de lavande de la Provence.  Le restaurant était situé sur une placette dont le décor me laissait une impression de déjà vu.

A la fin du repas, j’en fis réflexion à mon hôte qui, nullement surpris, me répondit :

« Evidemment c’est le site du restaurant qui servit de décor au film « Cigalon ».

Nous devisâmes alors sur Pagnol, son œuvre, les répliques fameuses de ses pièces. Mon ami me suggéra :

« Puisque tu admires tant le Maître, je te propose de visiter sa tombe, à deux minutes d’ici, dans le petit cimetière qui domine le vallon ».

Aussitôt après je me trouvai avec émotion face à une grande dalle de marbre rectangulaire, légèrement surélevée.

Je m’attendais à la trouver couverte de panneaux dithyrambiques, d’ex-voto de remerciements du peuple marseillais si avide de démonstrations de sympathie, de vivats enthousiastes, de déclarations tonitruantes. Je pensais à ces innombrables fanatiques qui imitaient à tous propos les artistes qui avaient incarné les célèbres personnages imaginés par l’écrivain.

Je croyais que tous ces thuriféraires, qui s’enorgueillissaient d’avoir été les contemporains du Maître, couvraient chaque jour son tombeau de fleurs, de suppliques. J’avais imaginé que les femmes venaient se lamenter sur la pierre marquée de son nom comme d’autres venaient hurler de douleur ou se flageller sur le cénotaphe de leur idole défunte. Je pensais au culte que les Argentins vouaient depuis un siècle à Carlos Gardel, le chantre du tango.

Je me remémorais ces fanatiques, pétris de naïveté et de superstition qui se prosternaient devant les reliquaires douteux de prétendus saintes ou saints et les imploraient pour obtenir miracles, amour et richesses.

Mais sur la tombe du grand Pagnol rien… que de la poussière. Je fis à mon ami remarque de l’ingratitude de ses contemporains. Il me répondit :

«Certes, un tel néant est fort choquant mais je pense qu’il n’aurait pas aimé la commercialisation de son souvenir telle qu’elle est pratiquée outre- atlantique par des vendeurs de babioles à la gloire d’idoles disparues.»

Je répondis :

« Tout ce commerce de breloques de cultes qui fleurit de Lourdes à Memphis, des Andes à l’Afrique ou des Indes aux Philippines a toujours été fort prospère. Si quelques grigris, suffisent à calmer les esprits inquiets, nul ne songe à s’en offusquer. C’est pourquoi ce vide me parait encore plus malséant que le lucre des marchands du temple. »

Avant de repartir, je contemplai une dernière fois la large dalle. J’aperçus alors, sur un angle éloigné, un objet que je n’avais pas remarqué en arrivant. En m’approchant je vis une rose desséchée.

Toute l’histoire de ma collégienne me revint subitement en mémoire. Une intuition me traversa l’esprit. Nous étions à la période anniversaire de notre aventure.

J’acquis aussitôt la conviction que cette fleur, c’était elle qui l’avait déposée, en remerciement à l’inoubliable bienfaiteur qui lui avait fait le plus beau des cadeaux qui puisse toucher le cœur d’une adolescente : la faire rêver…

Etreint d’émotion, je m’adressai à l’âme du poète :

« Tu vois, tous tes contemporains, tous ces chantres, ces flatteurs, ces flagorneurs qui ont vécu grassement et prospéré de ton génie, sont prompts à t’oublier. Mais dans les siècles futurs il y aura toujours une adolescente amoureuse de ton talent qui viendra fleurir ce petit coin de Provence où tu as décidé de demeurer éternellement. »

A mon retour, je voulus vérifier la justesse de mon intuition et je fis quelques recherches. Ma collégienne était devenue une avocate de talent. Je décidai de la rencontrer « par hasard » au Palais de Justice d’Aix. Un jour de grande audience, je déambulais dans la grande salle carrée, entourée de colonnes monumentales qui lui valait une allure de temple hypostyle Egyptien. Fort ému, je la vis arriver, portant fièrement sa large toge noire. J’allai à sa rencontre et feignis l’étonnement :

« Voilà des lustres que nous nous sommes perdus de vue. »

Surprise, elle me dévisagea un moment sans répondre, j’ajoutai alors avec aplomb :

« Figurez-vous que la semaine dernière je me suis recueilli dans le petit cimetière de la Treille. J’ai remarqué votre rose rouge. »

Elle pâlit, fixa son regard vers le bout de la salle. Elle hésitait à répondre.

Un homme de grande taille avec un long cou démesuré dépassant d’une chemise trop ample, s’avançait vers nous. J’eus droit à un laconique :

« Mon mari ».

L’homme informa sa compagne que l’audience commençait, puis repartit. Elle me dit alors d’un ton fielleux :

« Je suis occupée. Pour le reste ne me parlez plus jamais de cette affaire ».

J’osai quand même ajouter :

« Je vois que vous avez préféré oublier vos rêves de gloire littéraire pour le barreau… d’une cage dorée. »

Elle me jeta avec une hargne mal dissimulée :

« Vous ne comprendrez jamais rien aux femmes. Vous êtes toujours prêt à tout sacrifier : amitié, intérêt et amour à un bon mot. Vous préférez vous poser en censeur de vos contemporains, leur imposer vos opinions plutôt que d’écouter les leurs. Malgré cela, vous m’avez affreusement manqué. Vous n’avez jamais compris une seule seconde que vous étiez l’homme de ma vie. Cent fois j’ai composé votre numéro de téléphone pour vous supplier de me prendre. Cent fois j’ai raccroché, figée de terreur, en imaginant la réponse ironique ou caustique de votre bouche, plus meurtrière que celle d’un canon. Avec les années, j’ai été lasse d’espérer. J’ai accepté, pour me marier, le parti le plus fade et le plus insignifiant qui s’était présenté. Je connais enfin la suprême sérénité de vivre sans amour ni plaisir, sans crainte ni jalousie, sans but et sans espoir.

J’imagine quelquefois la vie merveilleuse que j’aurais pu avoir à vos côtés. Nos joutes verbales, nos rigolades de collégiens, nos explosions d’amour et de plaisir, nos enfants, évidemment turbulents, notre complicité en tout.

Mais quoique je devinai en vous un sentimental, je sais que vous ne m’auriez jamais fait grâce d’aucun de vos bons mots au vitriol, d’aucune de vos railleries qui fracassent les cœurs, d’aucune de vos plaisanteries qui font rire tout le monde mais pleurer de douleur la personne qui en est l’objet. Aujourd’hui à 30 ans, j’ai le cœur sec d’une centenaire. Je plaide, avec un succès qui me laisse de glace, des affaires sordides qui me répugnent ».

Abasourdi, anéanti, incrédule, je compris alors que j’avais détruit toute sa vie … et la mienne. Je lui demandai d’une voix tremblante :

« Suis-je condamné à mort sans plaidoirie ? »

« Certainement pas. Je savais que votre façade de bravache cachait une âme sensible. J’aurais pu très facilement vous dompter. J’aurais fait alors un castrat d’un pur-sang. J’ai préféré me perdre que de vous détruire. Je vous dois des décennies de cauchemar, mais vous m’avez apporté ce que peu de femmes auront connu dans leur existence : quelques heures de rêve. Maintenant partez … et … quand nous nous retrouverons dans une vie future, ne faites pas la même bourde, car cette fois je ne vous le pardonnerai pas, et je serai capable de vous haïr éternellement. »

« Elle tourna les talons. J’entendis son pas marteler les dalles du prétoire puis elle disparut dans une salle d’audience. J’hésitai à la suivre pour la voir jubiler à plaider, avec perversité, un dossier ignoble. Je renonçai à ma curiosité pour éviter de ternir à jamais sa merveilleuse image d’adolescente. »

Après un moment de silence, nous demandâmes au narrateur de cette histoire de nous donner son opinion profonde. Il répondit :

« Elle aura été fidèle toute sa vie à Pagnol, et sans que je ne m’en doute, un peu à moi-même. Les hommes disent que les femmes ne savent pas garder un secret. Je pense qu’en réalité, homme ou femme, chacun fait un tri sélectif d’évènements incrustés dans sa mémoire. Ils ne franchiront jamais le seuil des lèvres. Qu’importe qu’il avoue ou pas, l’homme n’est pas maître de son avenir mais garde pour lui seul son passé. »

« Et que penser de la tombe si vide du Grand Pagnol ?»

« Je pense qu’il doit parfaitement se complaire dans la douce sérénité de cette terre provençale. Mais rien sur sa tombe, c’est vraiment très peu. »

Les Arcs – Mai 1991

Les prodigues en clameurs sont avares en générosité.   J-P B

Les flatteurs du génie sont des parasites de la gloire.   J-P B

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